Indicateurs et méthodes d’évaluation : quelle différence ?

Indicateurs biologiques, méthodes d’évaluation, références, typologie : quelques précisions

Jusqu’à la prise en compte des prescriptions de la DCE dans les méthodes d’évaluation de la qualité biologique des masses d’eau, les hydrobiologistes utilisaient des « indices biologiques ».

Ces indicateurs étaient construits pour apporter une vision synthétique sur un état, à partir d’un inventaire taxinomique standardisé, et en fonction d’une vision qui était orientée par les paramètres intégrés dans le calcul de l’indice. Par exemple l’IBGN-indice biologique global normalisé- mettait en avant les problèmes d’oxygénation, donc principalement la charge en matières oxydables, et réagissait aussi, dans certains types de cours d’eau, à une pollution toxique (insecticides en particulier). L’IBMR-Indice biologique macrophytes en rivière- montre principalement le niveau trophique global du cours d’eau à la station étudiée, l’IBD-Indice biologique diatomées- est sensible aux éléments nutritifs présents dans l’eau. A partir de l’indice chiffrée, généralement sur une échelle de 0 à 20, l’hydrobiologiste devait interpréter ces résultats en fonction du type de cours d’eau dans lesquels ils étaient obtenus et des caractéristiques morphologiques (écoulements, lumière, berges) et chimiques (charge en nutriments, pollution organique, micropolluants).

Fondamentalement, la valeur de l’indicateur n’indiquait donc pas la qualité du milieu, qui devait être évaluée par avis d’expert en tenant compte du contexte. Une valeur d’IBGN de 12/20 n’était signifiante que si elle était rapportée au milieu considéré : dans un grand cours d’eau, il s’agissait plutôt d’une bonne qualité, dans un cours d’eau rapide de moyenne montagne, elle traduisait une dégradation par pollution organique. A l’exception de rares cas très particuliers, il n’y a que pour les valeurs extrêmes que l’information était sans équivoque. Quel que soit le type de milieu, une valeur inférieure à 4 ou 5 dénote forcément une mauvaise qualité, une note supérieure à 18 ne peut s’obtenir que dans les milieux riches et non impactés.

schéma-méthode-DCE

La plupart des méthodes d’évaluation sont construites sur un système qui comprend 4 éléments : un protocole d’acquisition de données hydrobiologiques, un indicateur, des valeurs de référence de cet indicateur pour chaque type de masses d’eau et un jeu de bornes de classes de qualité biologique pour l’élément biologique considéré.

La méthodologie DCE impose de rapporter l’évaluation au type de masse d’eau, et de calculer un écart à la référence, pour définir une classe de qualité biologique en vue de l’évaluation de l’état écologique. Le développement des méthodes d’évaluation a donc commencé par l’établissement d’une typologie des masses d’eau, puis des valeurs de référence des différents indices pour chaque type. Une fois validés, ces nouveaux référentiels ont permis de calculer « l’écart à la référence » (dénommé EQR pour Ecological quality ratio, selon la terminologie DCE), qui correspond au ratio valeur observée / valeur de référence. L’évaluation se base soit sur les indicateurs pré-existants (par exemple IBGN, IBD, IBMR), s’ils sont compatibles aux prescriptions de la DCE, soit sur les nouveaux indicateurs qui ont été spécifiquement construits (méthodes plans d’eau).

Cette échelle d’EQR (théoriquement de 0 à 1) représente donc la part de perturbation due à l’impact anthropique, puisqu’elle s’affranchit de la variabilité typologique des masses d’eau. C’est enfin sur cette échelle que les bornes des 5 classes de qualité standardisées (Très bon, Bon, Moyen, Médiocre, Mauvais) peuvent être fixée, en fonction du modèle de réponse de l’élément biologique considéré.

Il faut donc retenir qu’une méthode d’évaluation DCE se composent de plusieurs éléments :

  • une typologie de masse d’eau, qui permet de situer la station mesurée dans un référentiel,
  • un protocole d’acquisition de données, faisant le plus souvent l’objet d’une norme AFNOR et dont l’utilisation est prescrite par un texte règlementaire*,
  • un indicateur biologique, dont la valeur renseigne sur le niveau d’une ou de plusieurs métriques représentatives des diverses fonctionnalités écologiques du milieu,
  • un système de valeurs de référence par types, pré-établi spécifiquement pour la méthode considérée et fixée par un texte règlementaire**,
  • un jeu de bornes de classes permettant de définir la classe de qualité sur l’échelle d’EQR, également fixé par un texte règlementaire**.

Tous les éléments constitutifs de chaque méthode sont approuvés par la Commission européenne pour une utilisation en évaluation dans le cadre de la DCE. A ce titre, ils sont donc règlementaires. De plus, les seuils de classes ont fait l’objet d’une intercalibration entre tous les méthodes de chaque Etat-membre, pour assurer la comparabilité des résultats d’évaluation entre tous les pays européens.

* arrêté ministériel fixant la méthodologie (méthodes et programmes) de surveillance** arrêté ministériel définissant les règles d’évaluation de la qualité à partir des données de surveillance

Quelques références pour en savoir plus :

 

 

Date de modification : 06 février 2024 | Date de création : 04 juillet 2023 | Rédaction : Christian CHAUVIN